
Publié le 19/02/2025
« Construire hors-site propose une vision scientifique inédite du hors-site », Eva Madec, chargée de mission chez 3F.
Paru le 19 février 2025 aux éditions du Moniteur, « Construire hors-site » propose une vision objective et très large du hors-site. Eva Madec, co-directrice de l’ouvrage aux côtés de Stéphane Berthier, doctorante au LéaV et chargée de mission chez 3F nous en dit plus.
Dans quel contexte s’inscrit la publication de Construire hors-site ?
Eva Madec : Cet ouvrage regroupe l’ensemble des articles rédigés pour le colloque
« La Construction hors-site face à l’anthropocène », organisé en 2023 par le LéaV, le laboratoire de l’Ecole nationale supérieure d’architecture Versailles (ÉNSA), le groupe 3F et la Maison de l’architecture Île-de-France. Il apporte un regard complet, scientifique et le plus objectif possible sur le hors-site. En effet, si aujourd’hui ce mode constructif est revenu sur le devant de la scène, les données dont nous disposons actuellement manquent d’objectivation, notamment sur ses impacts environnementaux. Certains acteurs commencent à remédier à la situation : l’association Filière hors-site France, par exemple, a monté des groupes de travail et l’ADEME a lancé un appel à projets « Impacts environnementaux et sociaux de la construction-rénovation hors-site ».
Le livre s’inscrit en parallèle de ces démarches en abordant pour la première fois le hors-site sous le prisme de la recherche. Les 19 témoignages de spécialistes, issus d’horizons différents, offrent une diversité de points de vue et une clé de lecture différente de celle qui repose uniquement sur des chiffres. On retrace l’histoire du hors-site et on évoque son avenir avec les nouvelles technologies, on s’intéresse aux matériaux biosourcés et à l’impression béton, on s’interroge sur ses atouts environnementaux, sur sa place dans les montages de projets…
Le montage de projet justement, vous l’évoquez dans votre article en citant une expérimentation conduite par 3F. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Eva Madec : Pour un projet de construction à Trilport (77), 3F a lancé, en amont du concours de maîtrise d’œuvre, une consultation auprès d’entreprises générales du bâtiment et d’industriels. L’objectif était d’établir un cahier des charges techniques et une sorte de boîte à outils « hors-site » qui ont ensuite été mis à la disposition des architectes dans le cadre du concours. Ce procédé, appelé loi « MOP inversée », est une vraie innovation. 3F est le premier à le mettre en place.
En parallèle de cette expérimentation, 3F teste d’autres types de montage. À terme, l’objectif est d’identifier les montages adaptés à chaque situation afin de lever certaines problématiques techniques. Il s’agit également de favoriser la collaboration entre tous les acteurs de la construction, qui interviennent généralement de manière silotée sur les projets.
Au-delà de cette expérimentation inédite, de quelles manières 3F se mobilise-t-il en faveur du développement du hors-site ?
Eva Madec : Dès 2021 (voire avant, au travers de la filière sèche et de la construction bois), 3F a conduit des expérimentations opérationnelles sur la construction hors-site. Ce mode constructif n’était alors pas aussi prisé, ce qui fait de 3F l’un des précurseurs sur le sujet. Par ailleurs, 3F a fortement contribué à l’élaboration du référentiel et de la charte pour le développement de la construction hors-site. Il est également membre fondateur de l’association Filière hors-site France.
Mais ce qui fait la spécificité de son engagement vis-à-vis du hors-site, c’est l’importance que 3F accorde à la dimension architecturale et à la recherche. Je pense notamment aux actions menées avec la Maison de l’architecture Île-de-France et bien sûr au partenariat avec l’ÉNSA Versailles et son laboratoire de recherche (LéaV) dans le cadre duquel j’effectue ma thèse. Et c’est finalement cette diversité des points de vue qui, à mon sens, peut contribuer à la structuration de la filière et à l’identification des bons usages et des bonnes méthodologies en matière de hors-site.